Réalisation, en 2001, d’un « carnet de croquis »
à quatre mains


Croquis craie noire : Pierre Poli

Textes : Ysabelle Lacamp


« On connaît la peinture de Pierre Poli, son sens puissant de la couleur, son figuratif « fantastique » animé de cette réelle force vive qui sait restituer l’étrange du quotidien et son mystère dans un mélange de violence et de douceur. Mystique qui se retrouve pleinement dans l’unité de ses esquisses féminines, négatifs à la craie noire de ce feu intérieur.

Que la femme soit le sujet de prédilection de l’artiste n’a là rien d’étonnant. C’est ici sa part de Yin qu’il expose, sa face de lune cachée, celle qui donne à sa vision du monde sa propre musicalité. Femme Multiple, variations sur un thème unique, offerte à nu sous son trait fort et sûr. Femme pleine, Femme fruit, contemplée – plus qu'effleurée – avec une infinie tendresse … Non, Pierre Poli ne croque pas les corps, il sculpte l’ombre et la pulpe pour en capter la lumière et fait chanter l’âme en transparence derrière la chair. Il cueille l’instant, point d’orgue défiant le temps, pour en restituer l’émotion pure. Puis se retire, s’efface, et nous laisse juste captives en leur jardin secret, dépouillées de tout charge à commencer par celle de la représentation… Légèreté dans la gravité… Saveur de la solitude. Eternel corps à cœur, face à une souriante ou douloureuse vérité. Guerrières dont les poings se desserrent, Pierre Poli nous livre de ces Intemporelles, l’énigmatique musique intérieure, tout à la fois force et fragilité. Pudique dans l’impudeur, insaisissable et vulnérable intimité, de celle qui saigne à l’ombre de nos soleils intérieurs, et fait de nous ces alanguies fières, ou des aguerries jamais tout à fait guéries.

Merci Pierre. »

Ysabelle Lacamp